11 Haziran 2013 Salı

ERDOGAN, L'ISLAMO-STALINIEN

Comme les dictateurs d'hier, le Premier ministre turc s'enlise dans la négation du réel



Non, décidément, la grande révolte turque, ce n’est pas mai 68. Le parallèle est pourtant agité à longueur de commentaire. Comme si nous n’avions pas d’autre histoire rebelle à ranimer que ce feu très éteint des nostalgies sexagénaires... 


Mais non, l’insurrection pacifique d’Istanbul, Izmir, Ankara, n’a rien à voir avec le soulèvement libertaire parisien de naguère, quand bien même celui-ci fut déterminant pour l’évolution de la société française. 



Rien à voir pourtant car ce dont il est question, aujourd’hui, place Taksim et dans tout le pays, de la Corne d’Or à l’Anatolie, c’est de résistance face à la force brute martelée dans les discours du chef de l’AKP.    



Certes, on tague sur les murs « La poésie est dans la rue » et le verbe jaillit de l’eau vive des rêves réveillés. Mais il y a une différence de taille ! Face à eux, les manifestants n’ont pas de Gaulle mais Erdogan. Un homme à qui, semble-t-il, les printemps arabes dont il se voulait la référence, n’ont rien appris.  



Au contraire. Comme les dictateurs d’hier, le Premier ministre turc s’enlise dans la négation du réel. Erdogan nie la réalité des manifestants. Leur être, leur nombre, leurs demandes, leurs attentes. Des « voyous », dit-il ! Il ment et invente des beuveries des insurgés dans les mosquées. 



A moins que ne se produise dans les heures qui viennent la volte-face que chacun espère, il confirme ainsi l’intransigeance de son tempérament, cet autoritarisme sans frein qui constitue la raison majeure du déferlement d’une Turquie plurielle sur les places publiques.

Refusant d’entendre les appels à la négociation lancés par une partie des dirigeants de l’AKP, épouvantés par l’image que donne d’elle-même la démocratie islamiste, Erdogan fait convoquer ses partisans pour qu’ils viennent clamer à son retour de sa tournée au Maghreb, en pleine nuit, devant l’aéroport : « Nous sommes prêts à mourir pour toi Erdogan ! » 


Rhétorique tristement inusable de la passion du chef. Obéissance orchestrée à l’homme qui se targue de savoir prendre une foule en flattant ses sombres désirs. Dans la même veine, la presse à sa botte évoque « 40 kilomètres d’amour » à propos du cortège de ses partisans.

Quelques heures plus tard, le leader bien-aimé appelle ses fans à réagir. La police, bien sûr, sera à leurs côtés. 


En ces heures angoissantes où s’aggrave la menace de la confrontation, Recep Tayyip Erdogan se révèle comme un islamo-stalinien.

Hiç yorum yok:

Yorum Gönder