5 Temmuz 2013 Cuma

Des artistes condamnent la "rhétorique de haine" du gouvernement

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Des artistes, journalistes et écrivains turcs, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, ont publié samedi, sur une pleine page dans plusieurs journaux, un appel au gouvernement lui demandant de cesser d'employer une rhétorique de division qui alimente selon eux la haine dans le pays.


Cet appel, signé par plus de 80 personnalités, intervient à la suite d'un mouvement de contestation sans précédent qui a visé pendant près de trois semaines le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.


"Nous somme inquiets", "La rhétorique du 'vous contre nous' accentue les divisions au sein de notre société", avertissent les signataires, appelant le gouvernement à mettre fin aux pressions contre les militants.


"Il y a une atmosphère de frustration et de haine", peut-on lire dans le texte, qui accuse implicitement M. Erdogan et son gouvernement de dérive autoritaire après une décennie au pouvoir.


Le Premier ministre n'a de fait cessé de fustiger les manifestants, issus pour la plupart de la classe moyenne, jeunes et éduqués, au moyen d'une rhétorique dévalorisante, les qualifiant de "voyous" et de "terroristes".


Les artistes n'ont guère été épargnés, accusés par M. Erdogan d'appartenir à des "groupes marginaux".


La rhétorique du Premier ministre a accentué les divisions de la population entre ses partisans, qu'il a désignés comme "les 50%", et les autres, qui, rebondissant sur cette formule, se sont appelés "les autres 50%".


Tandis que la fronde anti-gouvernementale, partie le 31 mai d'une mobilisation contre la destruction programmée d'un jardin public d'Istanbul, le parc Gezi, a rassemblé des dizaines de milliers de personnes, M. Erdogan a poussé ses partisans à organiser des contre-manifestations, déclarant: "Personne ne peut nous intimider (...) nous ne prenons d'ordre ou d'instruction de personne sauf de Dieu".


La fronde anti-gouvernementale en Turquie est partie le 31 mai d'une mobilisation contre la destruction d'un jardin public d'Istanbul, le parc Gezi. Le week-end dernier, plus de 2,5 millions de personnes manifestaient dans les rues de près de 80 villes de Turquie, selon les estimations de la police.


Dans leur gestion du mouvement de contestation, devenu la plus grave crise politique depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) en 2002, les autorités ont pris pour cibles les journalistes et les artistes.


L'acteur turc Mehmet Ali Alabora a ainsi été pris à partie par M. Erdogan après qu'il eut posté un tweet soutenant les manifestants. Le Premier ministre l'a accusé de susciter des troubles et l'a menacé de poursuites.


L'acteur avait signalé plus tôt dans le mois avoir reçu des menaces non spécifiées, après que le journal pro-gouvernemental Yeni Safak l'eut désigné comme l'un des leaders d'un "complot visant à faire tomber le gouvernement".


Lundi, la BBC a exprimé sa préoccupation devant ce qu'elle a qualifié de campagne des autorités turques visant à "intimider ses journalistes".


Le maire d'Ankara, Melih Gokcek, avait mis sur son compte Twitter des accusations contre la correspondante turque de la BBC Selin Girit, la qualifiant d'espionne à la solde du Royaume-Uni.


Le pianiste turc de renommée internationale Fazil Say a lui aussi subi l'ire des autorités turques.


Connu pour son athéisme militant, le pianiste âgé de 43 ans a été condamné le 15 mai pour blasphème en raison de ses tirades provocatrices contre la religion musulmane sur Twitter. Cette condamnation a suscité à l'étranger une volée de critiques contre la Turquie.


Fazil Say, dont la condamnation a été annulée, doit être rejugé prochainement devant un tribunal d'Istanbul.


Le mouvement de contestation a fait quatre morts et près de 8.000 blessés. Le recours excessif à la force par la police turque a été très critiqué dans le monde et a écorné l'image de M. Erdogan.


Les attaques répétées du Premier ministre contre les médias, et une tendance à utiliser les tribunaux pour faire taire ses ennemis, ont alimenté les inquiétudes quant aux droits de l'homme en Turquie, pays qui est candidat à l'adhésion à l'Union européenne.


La Turquie est régulièrement critiquée par les ONG de défense des droits de l'homme pour ses atteintes à la liberté d'expression et pour le nombre de journalistes ou d'avocats détenus dans ses prisons.


Les artistes qui ont soutenu le mouvement de contestation redoutent qu'en représailles il ne leur soit interdit de participer aux festivals ou aux représentations ayant lieu dans les municipalités dirigées par des membres de l'AKP.


http://www.lepoint.fr/societe/turquie-des-artistes-condamnent-la-rhetorique-de-haine-du-gouvernement-29-06-2013-1687310_23.php

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